Existe t’il des vies antérieures?

Même si le phénomène est rare, certaines personnes ont pu accéder par régression à des informations sur ce qui ressemble à des vies antérieures. Le plus souvent ces réminiscences sont partielles et concernent surtout des séquences fortement imprégnées de passions, de souffrances, ou d’émotions traumatisantes.
Selon les bouddhistes tibétains, ces formes-pensées qui peuplent la mémoire résulteraient d’attachements anciens à certaines formes de sensations parasitant la personnalité actuelle.
D’un autre côté, certains récits ou points de détail historiques passés au crible de la vérification se révèlent plausibles et parfois très troublants.
Il est si difficile de trancher sur la réalité intrinsèque de l’ego, celle qui en assurerait la pérennité (les tibétains en débattent depuis plus près de deux millénaires), que la plus grande prudence s’impose dans les conclusions que l’on pourrait tirer même des cas qui semblent probants.

LES TENDANCES NE SONT PAS DES PERSONNAGES

De mon point de vue, il est de peu d’intérêt d’interroger un astrologue karmique juste pour la curiosité de savoir « qui » l’on a été autrefois. Celui qui prétendrait être capable d’apporter de telles précisions serait à mes yeux un imposteur, car des tendances innées ne sont en rien significatives d’un personnage particulier, ayant existé dans le passé. Même si nous disposons de naissance des tendances belliqueuses d’une ascendance multiple de braves militaires, tendances inscrites par ailleurs dans notre thème de naissance, cela n’implique en aucun cas que nous soyons la réincarnation de l’un d’entre eux. Juste qu’il existe une compatibilité entre leur hérédité et la nôtre, et que le milieu natal en a favorisé la résurgence et la traduction dans le sens que nous étions prêt à lui donner.
Ainsi, dans les années 2012/2017, de nombreux enfants vont venir au monde, porteurs de très fortes tendances révolutionnaires. Faudra-t-il pour autant en conclure qu’ils sont tous des réincarnations de Che Guevara, de Robespierre, ou de Lénine ? Ou que ceux qui ont pointé leur nez fin 2007, ont tous été de grands rois, de grands financiers, ou de grands chefs de guerre ? Il faudrait, dans ce cas, affirmer également que la grande majorité étaient (et sont peut-être encore) de grands mégalomanes.

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Avec ses milles bras ouverts, ce Boddhisattva (dieu de sagesse, d’amour et de connaissance), jura, d’après la légende bouddhiste, de ne jamais connaître de repos aussi longtemps que tous les êtres ne seraient pas libérés de la souffrance.

PRATIQUEMENT RIEN N’EST VERIFIABLE

En fait, la très grande majorité des thèmes de naissance n’est significative que de comportements assez banalisés et répétitifs, d’autant plus intemporels qu’ils pourraient appartenir à tout un chacun et que, dans la grande majorité des cas, le contexte familial et social, à lui seul, pourrait justifier les comportements réactionnels que la personne préfère attribuer à une cause « antérieure » invérifiable.
L’un des grands maîtres védantiques du XXe siècle, Swami Prajnanpad, qui a pourtant mis au point le lying (une technique de régression émotionnelle visant à nettoyer les blocages du passé) affirmait que, dans tout ce qui remontait à la surface, 5% environ seulement ne pouvait pas avoir pris ses racines dans la vie actuelle.
En outre, les praticiens capables de séparer le vrai de l’imaginaire fantasmatique ou des souvenirs liés aux images, accumulées au fil du temps dans cette vie, sont aussi rares que la preuve des vies antérieures susceptible d’émerger de ce type d’exploration.
Quand quelqu’un m’interroge sur les personnages qui pourraient figurer dans son thème, je lui signale que je ne peux lui fournir que des analogies qui ne lui apporteront rien s’il ne les rattache pas à ses propres comportements et n’en assume pas la responsabilité personnelle sans jugement et sans culpabilité.
Si nous étions les héritiers de quelques fantômes maléfiques, une lecture karmique ne devrait conduire, à mon sens, qu’à déjouer leurs tours et à leur enjoindre fermement de cesser de hanter nos vies.
C’est pourquoi, plutôt que de chercher à prouver que nous sommes de grandes exceptions, de grandes victimes ou de grands criminels (les « petites vies » n’existent guère dans l’univers de la régression), mieux vaudrait s’interroger sur les origines tangibles de notre souffrance ou notre désarroi.
Je pense qu’une analyse de ce qu’on peut appeler aussi bien des vies antérieures que des vies intérieures (si le thème s’y prête, ce qui n’est pas toujours le cas), ne devrait en aucun cas être destinée à entretenir les prétentions d’éternité de l’ego. Pour moi, elle ne vise qu’à mieux comprendre les fonctionnements du mental et de la psyché, à accéder à des états plus subtils que ceux du mental ordinaire, et à se libérer de scories émotionnelles qui bloquent notre évolution vers une vie plus consciente.